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Violences sexuelles

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La Commission doit en faire plus pour protéger les enfants handicapés.

La Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants est notamment chargée d’accorder une attention particulière aux mineurs handicapés.

Mais ils sont absents de sa campagne de communication. Et le site n’est pas totalement accessible aux personnes en situation de handicap.


Édouard Durand et Nathalie Mathieu, présidents la Commission.
«  J’avais 7 ans, c’était mon grand-père. » «  J’avais 13 ans, je posais pour ses photos. » C’est avec les confessions bouleversantes d’adultes ayant subi des violences sexuelles lorsqu’ils étaient mineurs que la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants a lancé son appel à témoignages, la semaine dernière.

La Ciivise invite les victimes à contacter ses écoutants par téléphone. Elles peuvent aussi témoigner par écrit ou bien encore remplir un questionnaire en ligne. « L’objectif, c’est que le silence recherché par les agresseurs ne prévale plus, expliquent Édouard Durand et Nathalie Mathieu, ses deux présidents.

Toute personne qui a subi des violences sexuelles dans son enfance et notamment l’inceste doit être crue et écoutée. »

160 000 enfants victimes chaque année

Au moins 160 000 mineurs en sont victimes chaque année. Et parmi eux, de nombreux enfants handicapés. Selon une étude de l’Organisation mondiale de la santé, ces derniers sont trois fois plus exposés que les autres. C’est même cinq fois plus pour les enfants ayant des déficiences mentales ou intellectuelles.

C’est pour cette raison qu’Adrien Taquet, le secrétaire d’État chargé de l’Enfance et des Familles, a demandé à la Commission de « prendre en compte les plus vulnérables des vulnérables, les enfants en situation de handicap ». « Particulièrement quand ils sont en institution », a-t-il même précisé lors de l’installation de la Ciivise, le 11 mars 2021.

Aucun témoin handicapé dans les vidéos de la Commission

Le message a-t-il du mal à passer ? La communication sur le sujet fait, en tout cas, cruellement défaut. Le dossier de presse envoyé aux journalistes ne mentionne jamais des enfants handicapés. Aucun des témoins apparaissant dans les vidéos n’est en situation de handicap. Les images sont sous-titrées mais pas traduites en langue des signes. Sur le site de la Ciivise, le mot handicap n’apparaît qu’une seule fois.

« Nous n’avons pas pointé les facteurs de vulnérabilité »
« Lors de la conférence de presse de la semaine dernière, nous avons parlé des enfants handicapés, précisent Édouard Durand et Nathalie Mathieu à Faire-face.fr. Par ailleurs, l’appel à témoignages s’adresse à toutes les victimes. Il inclut donc bien évidemment les personnes en situation de handicap. Nous n’avons pas pointé les facteurs de vulnérabilité particulière aux violences, comme le handicap. »

La moitié des critères du référentiel d’accessibilité respectés

Par ailleurs, les numéros d’écoute – 0805 802 804 en métropole et 0800 100 811 pour l’Outre-mer – ne sont pas utilisables par les personnes sourdes et malentendantes, contrairement au 39 77, dédié à la lutte contre les maltraitances.
De plus, le site n’est pas totalement accessible aux internautes en situation de handicap. Certes, les personnes aveugles peuvent tout de même naviguer. Et même répondre au questionnaire en ligne qui comporte bien des questions sur le handicap. Mais ciivise.fr ne respecte qu’un peu moins de la moitié des critères du référentiel général d’amélioration d’accessibilité. Enfin, il ne contient pas de notice en facile à lire et à comprendre, ni de pictogrammes, par exemple.

Les personnes handicapées passent après

« Nous travaillons à rendre le site accessible, assurent Édouard Durand et Nathalie Mathieu. Il le sera totalement d’ici la fin de l’année au plus tard. »

Cette promesse ne satisfait pas Marie Rabatel, membre de la Commission. « Quel message ce retard sur l’accessibilité envoie-t-il aux personnes handicapées ? », interroge la présidente de l’association francophone de femmes autistes, qui a elle-même subi des violences sexuelles lorsqu’elle était enfant.

« Comme toujours, leurs besoins ne sont pas pris en compte au même titre que les autres. Elles passent après alors que le sujet devrait être prioritaire puisqu’elles sont bien plus souvent victimes de prédateurs. La Commission doit les inciter à témoigner en les rendant visibles », souligne-t-elle.

Auditions en cours

« Nous prenons très à cœur le sujet des enfants handicapés, insistent Édouard Durand et Nathalie Mathieu. Nous auditionnons des spécialistes de ces questions. Et Marie Rabatel, qui participe à nos travaux, se charge de nous rappeler à quel point nous devons y être attentifs. »

En attendant, si vous avez subi des violences sexuelles ou êtes un proche de victime, témoignez, protégé par l’anonymat. Votre parole est précieuse.

 

Source : Faire Face Franck Seuret

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